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samedi 26 octobre 2013

RD Congo - Rwanda : la guerre ouverte est-elle déclarée ?

"Les troupes rwandaises sont prêtes à riposter à l'intérieur de la République démocratique du Congo , si jamais il y a de nouveaux bombardements transfrontaliers sur le sol du Rwanda, a déclaré vendredi à New York l'ambassadeur Richard Gasana, chef de la mission permanente du Rwanda auprès de l'ONU, au sortir d'une audience de briefing avec les autres membres du Conseil de sécurité.

Une véritable déclaration de guerre à la RD Congo, qui accuse pourtant le Rwanda d'être le principal instigateur de la rébellion du M23 à laquelle les Forces armées congolaises sont confrontées depuis avril 2012, et qui occupe un territoire relativement étendu, le long de la frontière commune avec le Rwanda, dans la province du Nord-Kivu. Les allégations du gouvernement de la RDC s'appuient sur le rapport du Groupe d'experts de l'ONU rendu public l'année dernière, ainsi que sur plusieurs autres rapports de l'ONU et des ONG, et ont été expressément confirmées par plusieurs Etats puissants dont les Etats-Unis d'Amérique qui ont d'ailleurs pris des sanctions contre le Rwanda.

Le Rwanda a accusé l'armée congolaise d'avoir tiré trois obus sur son territoire au cours d'une nouvelle flambée de combats avec les rebelles près de la frontière, autour de la localité de Kibumba, à une trentaine de kilomètres au nord de la ville de Goma. «S'ils ne sont pas prêts à arrêter cela, nous agirons immédiatement et ça va faire mal", a dit déclaré à l'Agence France Presse le diplomate rwandais à l'ONU. «Nous le ferons avec la précision du laser , car nous savons d'où les tirs proviennent », a-t-il renchéri.

Le Rwanda est actuellement un membre non permanent du Conseil de sécurité et Gasana a dit qu'il a donné un message clair de son gouvernement aux 14 autres Membres. Le conseil a demandé une enquête sur l'origine des tirs, ont indiqué diplomatiques. Il existe dans la région un "mécanisme conjoint de vérification", mis en place par la Conférence internationale sur la région des Grands-Lacs (CIRGL), et dont fait désormais partie la MONUSCO, qui est chargé de faire des vérifications sur de telles allégations. Sauf que son fonctionnement est sujette à caution...

L'ambassadeur rwandais a conclu : "Nous leur demandons de s'entendre ... et d'amener leurs combats loin de notre frontière. Nous avons déjà prévenu le gouvernement de Kinshasa ". Gasana a déclaré que le Conseil de sécurité avait été «très sympathique » à son message.

Les pourparlers de Kampala entre les rebelles du M23 et le gouvernement de la RDC butent à un nouveau blocage, après leur reprise la semaine dernière. Ils pourraient se poursuivre à partir de dimanche prochain. L'enjeu des combats qui ont resurgi au nord de Goma semble être davantage une pression sur ces pourparlers plutôt que de révéler une quelconque volonté des deux belligérants de régler la crise par les armes.

Article réalisé avec des extraits d'une dépêche de l'AFP. 

RD Congo. FARDC - M23 : ultime guerre ou ultimes enchères ?

Vingt-quatre heures seulement après l’intervention controversée du président Congolais Joseph Kabila devant les deux Chambres du parlement, et alors que les pourparlers de sont de nouveau dans l’impasse, de violents combats ont repris vendredi 25 octobre entre l’armée congolaise et les rebelles du M23.
Carte de la zone autour de Goma & Kibumba.
La ligne en grand trait blanc indique la frontière RDC-Rwanda.
Photo GoogleMap.
(Cliquer dans l'image pour agrandir si besoin)
Les habitants de Kibumba – une bourgade située à une trentaine de kilomètres au nord de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu – ont été réveillés dans la nuit de jeudi à vendredi par les bruits des balles, et ont dû fuir par milliers, les uns vers le Rwanda voisin, les autres vers Kanyaruchinya plus au sud. Les deux parties – Forces armées de la RD Congo (FARDC) et rebelles du M23 – se sont accusés mutuellement d’avoir provoqué la reprise de ces combats qui se sont poursuivis toute la journée de vendredi. Dans la soirée, l’armée congolaise affirmait avoir pris le contrôle de la bourgade de Kibumba et d’autres villages environnants tels que Buhumba et Butebo, ce que démentait la rébellion, qui affirme avoir pu maintenir ses positions initiales.

La brigade d’intervention de l’ONU à l’écart

La brigade d’intervention de l’ONU – la fameuse force de quelque trois mille soldats Tanzaniens, Sud-Africains et Malawites déployée à Goma depuis le milieu de l’année et ayant pour mandat de « neutraliser les groupes armés de l’est de la RDC », dont le M23, n’a pas pris part active aux combats de vendredi. Contrairement au mois d’août dernier où les soldats Tanzaniens de la brigade onusienne avaient épaulé l’armée gouvernementale et contribué à repousser les rebelles d’une dizaine de kilomètres de leurs positions initiales – en y laissant deux morts dont un officier et plusieurs blessés –  la MONUSCO s’est contentée d’un soutien logistique au FARDC ainsi que d’une surveillance aérienne de la zone des combats.

Des obus ont atterri au Rwanda…Kigali hausse le ton

Comme en juillet et août derniers, le Rwanda a accusé l’armée congolaise d’avoir « délibérément » tirés au moins trois obus et plusieurs balles ordinaires sur son sol, sans faire de dégâts, en dehors d’une femme congolaise de 58 ans fuyant les combats côté rwandais qui aurait été blessée par une balle. Sur son compte Twitter (@RwandaMoD), le ministère rwandais de la défense s’est alarmé : « #FARDC targeted innocent civilians in Rwanda, and fleeing Congolese Refugees.58 year old Catheline Gahombo from DRC was injured...(3) ». Ce qui peut se traduire par : « les FARDC ont visé des civils au Rwanda, ainsi que des Congolais fuyant les combats. Catherine Gahombo âgée de 58 ans et originaire de RDC a été blessée ».

Mais le Rwanda n’allait pas en rester là.  Lors d’un briefing au Conseil de sécurité à New-York sur la résurgence des combats près de Goma vendredi, l’ambassadeur du Rwanda Eugène-Richard Gasana a littéralement menacé : « Si un le moindre tir atteint de nouveau notre territoire [le Rwanda, ndlr], nous allons agir immédiatement et ça va faire très mal. Nous le ferons avec précision ; nous savons d’où les tirs proviennent ». Au moment où nous rédigeons ce papier, il n’y a pas encore de réaction côté Congolais.

Ultimes enchères pour forcer un accord à Kampala ?

La question que tout le monde se pose est celle du véritable enjeu de cette résurgence des combats : les FARDC ont-elles (enfin) reçu l’ordre de lancer une offensive de grande envergue contre le M23 pour libérer tout le territoire qu’il occupe ? S’agit-il au contraire d’une provocation orchestrée par les rebelles et visant à accroître la pression sur le gouvernement congolais afin de faire des concessions sur les questions à l’origine de l’échec des pourparlers de Kampala, suspendu le weekend dernier après d’intenses et longues tractations ? C’est la seconde hypothèse qui l’emporte !

En effet, un accord était annoncé à la fin de la semaine dernière entre le M23 et le gouvernement congolais, après la relance des pourparlers à coup de pressions diplomatiques (les quatre Envoyés spéciaux pour la région et la RDC – ONU, Etats-Unis, Union Africaine et Union Européenne) étaient tous à l’œuvre à Kampala. Mais à la dernière minute, les deux parties n’avaient pas réussi à s’entendre, achoppant notamment sur les questions d’amnistie et de réintégration, le gouvernement Congolais refusant d’accorder l’amnistie et de réintégrer les « rebelles récidivistes », les personnes sous le coup de sanctions de l’ONU ainsi que les auteurs présumés de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Les pourparlers avaient donc été suspendus sine die et l’essentiel de la délégation gouvernementale tout comme les Envoyés spéciaux avaient quitté Kampala.  

Or, il est devenu habituel qu’à chaque fois que les pourparlers sont au point mort les rebelles cherchent un moyen de mettre de la pression sur le gouvernement afin qu’il retourne sur la table et fasse des concessions. Cela s’est passé successivement en janvier, avril, juillet et août de cette année. Plus loin, l’on se souvient que le gouvernement Congolais avait accepté de s’asseoir autour d’une même table avec les rebelles pour négocier à la suite de la pression créée par la chute aux mains du M23 des villes stratégiques de Goma et Sake (novembre 2012).

Par ailleurs, il n’est pas excessif de dire que la proximité du Rwanda facilite bien des choses aux rebelles. En août dernier, les FARDC et la brigade d’intervention avaient dû arrêter leur offensive après que des obus soient tombés dans la ville rwandaise de Gisenyi et à Goma – deux zones intensément peuplées – provoquant une sérieuse escalade entre le Rwanda et la RDC, et un l’embarras de la « Communauté internationale ». Les allégations que des obus auraient été lancés « délibérément » et « par les FARDC » au Rwanda et les menaces qui se sont ensuivies ne sont donc pas fortuites… 

Des sources à la zone de Kibumba frontalière avec le Rwanda n'ont-elles pas indiqué vendredi que les rebelles du M23 ont placé leur artillerie lourde sur les collines de Kabuhanga et Kabuye, sur la frontière avec le Rwanda, et qu’ils s’en servaient pour pilonner les positions de l’armée gouvernementale situées plus à l’ouest. Pratiquement, toute riposte par les FARDC risquait de dépasser sa cible et d’atterrir au Rwanda, ce qui s’est probablement passé. En fin de compte la posture complique l’option militaire pour le gouvernement Congolais, qui n’aurait d’autre choix que de poursuivre les négociations – en position de faiblesse, hélas, la voie militaire étant de facto exclue pour lui au risque d’entrer en guerre ouverte avec le Rwanda (un risque que l’on voit mal Kabila assumer).

La population inquiète plus du manque d’une perspective de guerre que de la guerre elle-même

Un paradoxe est particulièrement frappant dans la situation actuelle au Nord-Kivu : alors que l’on pouvait s’attendre à ce que la population répugne la guerre à cause de ses effets néfastes, c’est tout le contraire qui se constate. A Goma, Nyiragongo, Rutshuru et ailleurs, la plupart des Congolais sont convaincus qu’avec des ordres clairs et des moyens conséquents – avec ou sans l’appui de la brigade de l’ONU – leur armée, FARDC, est capable de défaire militairement le M23 et mettre fin une fois pour toutes à la guerre. Ils ne le croient pas seulement ; c’est le désir. Non pas qu’ils se réjouissent tant que ça de la guerre, mais à cause des mauvaises expériences du passé, où des accords signés avec les rebellions n’ont jamais permis de rétablir durablement la paix et la stabilité, et qu’ils croient que cette fois encore Kampala est un « marché de dupes ». Alors le sentiment général est que ces escarmouches régulières devaient laisser place à une vraie guerre, pourvu qu’elle se fasse une fois pour toutes, définitivement.

Y a-t-il la moindre chance que le gouvernement Congolais soit de cet avis ? Rien n’est moins certain. Le président Joseph Kabila a eu beau déclarer mercredi devant le Congrès que groupes armés devaient déposer les armes et se rendre sous peine d’y être contraints par la force, les Congolais attendent qu’il traduise cela en actes…désespérément.

Par Jean-Mobert N.Senga

dimanche 20 octobre 2013

Parc des Virunga : WWF porte le cas de l'exploration pétrolière par SOCO International devant l'OCDE

Le Fonds Mondial pour la Nature - WWF - a déposé, le 7 octobre 2013, une plainte alléguant que la compagnie pétrolière britannique Soco International PLC ne respecte pas les normes de responsabilité sociale des entreprises internationales.


Cette plainte déposée à l’OCDE démontre que les activités d'exploration pétrolière de la société Soco, dans et aux abords du Parc national des Virunga, violent les directives de l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) concernant l’environnement et les droits de l’homme
« Les activités de Soco mettent en danger les populations locales vivant dans le parc des Virunga, ses animaux et leurs habitats. La seule façon pour la société Soco de se mettre en conformité avec les directives de l'OCDE est de mettre fin pour de bon à toute exploration au sein du parc », a déclaré Lasse Gustavsson, Directeur de la Conservation au WWF International. « Nous demandons donc à la société Soco de cesser immédiatement ses activités ».
Les griefs élevés par WWF
1/ Il semble que la société Soco ait eu recours aux forces de sécurité de l'État congolais pour intimider les opposants.
2/ Lors des consultations communautaires, la société Soco n’a pas divulgué des informations vitales relatives aux impacts environnementaux et sanitaires potentiels liés à l‘exploration. De plus, le contrat de l'entreprise contient une clause lui permettant d’être exemptée des futures lois visant à protéger les droits de l'homme et de l'environnement.
3/ L’évaluation d’impact réalisée par la société Soco elle-même révèle que l'exploration pétrolière au sein du parc pourrait entraîner une pollution, endommager les habitats et favoriser le braconnage au sein de cet écosystème fragile. Ces explorations pourraient également nuire à la santé des populations vivant au sein du parc et endommager les ressources naturelles dont dépendent 50.000 personnes.
4/ Le parc national des Virunga, l’un des plus anciens sites du patrimoine mondial d’Afrique, est la zone la plus riche en biodiversité protégée de ce continent. Le Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO soutient que l'exploration pétrolière est incompatible avec la Convention du patrimoine mondial, et a demandé l’annulation de tous les permis pétroliers dans les Virunga.
« En classant le parc des Virunga au patrimoine mondial, le gouvernement de la RDC a pris l’engagement juridique, auprès de la communauté internationale, de préserver le parc pour les générations futures », estime le WWF dans sa plainte déposée auprès de l’OCDE. « Enpénétrant dans le parc pour l'exploration pétrolière, la société Soco a violé les lignes directrices de l'OCDE prônant le respect des lois nationales et des traités internationaux ».
5/ La République Démocratique du Congo, où se situe le parc des Virunga, est une zone active de conflit. L’OCDE et les Nations Unies recommandent que les entreprises opérant sur ces zones à faible gouvernance, veillent particulièrement à ce que leurs activités ne portent pas atteinte aux droits de l’Homme. La société Soco n’a apporté aucune preuve de la mise en œuvre d’un audit préalable à ce sujet.
Selon WWF, les directives de l’OCDE s’appliquent aussi bien aux entreprises multinationales opérant dans ou à partir d’un pays adhérent à l’OCDE. Le Royaume-Uni est un membre fondateur de l’OCDE, créée par les gouvernements en 1961 dans le but de faire avancer le bien-être économique et social dans le monde.
Dans son rapport « Valeur économique du parc des Virunga » le WWF démontre que la valeur du parc des Virunga serait de 1.1 milliards USD par an, s’il était développé de façon durable et pourrait être à l’origine de 45 000 emplois permanents pour les populations qui y vivent.

samedi 19 octobre 2013

La prière quotidienne d'un "Gomatracien"...

Seigneur,
Merci pour cette autre journée qui s'achève enfin. Tu m'as épargné de la folie des motards et des mayibobo, aussi bien que d'une hospitalisation malgré cette poussière toxique qui est devenue notre lot quotidien. Tu m'as surtout béni de ces quelques fretins et de cette mesure de foufou dont moi-même et ma famille venons de nous rassasier. Je te rends grâce Seigneur d'avoir fait que mon bailleur soit retenu par la coupure de la route à Masisi et ne vienne pas m'importuner. Je t'exalte parce que Kambale n'a pas été chassé de l'école aujourd'hui; Chirimwami a vendu assez de cannes à sucre pour notre repas de demain; et Mahoro n'est s'est pas noyée dans le lac en allant puiser de l'eau.  

Oh! Seigneur, pour cette nuit, protège-nous contre les voleurs à mains armées qui ne manqueront pas de visiter notre quartier. Veille sur notre papa qui est encore en route afin qu'il ne croise ni les policiers ni les commandos en patrouille qui pourraient le dépouiller de tout, voire lui ôter la vie. Éloignes de nous, Seigneur, le démon de l'incendie de maison en planches, au Nom puissant de Jésus. Fais en sorte que la guerre n'éclate pas de nouveau cette nuit. Souviens-toi, Dieu de bonté, de ma grand-mère souffrante et sans abris au camp de Mugunga, et aussi de mon oncle enlevé hier par les miliciens au village, ainsi que de ma tante qui se remet péniblement d'un viol collectif.

Seigneur, là où nos dirigeants ont échoué à ramener la paix, tu restes notre seul espoir; là où les hommes les plus puissants sont incapables d'instaurer la justice, tu es notre dernier rempart. Apporte dans notre province et dans notre pays la paix et la justice, et donne-les-nous en partage, pour ta plus grande gloire. Amen !  

lundi 14 octobre 2013

De la paix à vendre (poème)







La paix, sans mentir
J’en ai plein mon tirelire
Assez pour inonder les Grands-Lacs
D’ici la prochaine Pâques

J’en ai d’excellente qualité
Durable et bon marché
Rien avoir avec ces hypothétiques cessez-le-feu
Que peinent à assurer de coûteux Casques Bleus

La paix que je propose n’est pas une contrefaçon
A base d’accords chimériques, d’impunité, non
On n’en vend pas dans les sordides sommets
Les conférences… ces soi-disant foires à paix

La paix que je propose est authentique
Faite à base de gouvernance démocratique
Avec une dose d’équité sociale et de justice
Qui prémunit contre toute allergie et tout vice

A vous Kaguta, Kagame et Kabila
Pour qu’à Kinshasa, Kigali et Kampala
Le peuple martyrisé revive en paix
Voilà l’offre généreuse que je vous fais !

J’ai juste besoin d’une avance de volonté politique
Et de garanties de réformes prolifiques
Inutile de brandir vos chèques de discours et de promesses
On m’a dit qu’ils ne valent pas une once

La société « Communauté internationale »
Le partenaire si puissant, si crucial 
Je veux sa caution maximale, c’est nécessaire
Pour peu qu’elle soit lucide et sincère…

Hâtez-vous, l’investissement en vaut la peine
Avant que les peuples lassés ne se déchaînent
Les armées, les arsenaux – je ne suis pas prêtre 

– Ce sont de bons serviteurs, de mauvais maîtres.

Jean-Mobert N.S., Extrait de "Rimes enrhumés", 2013.

samedi 12 octobre 2013

RD Congo : Des signes que Joseph Kabila pourrait se maintenir au pouvoir au-delà de 2016

L'on soupçonnait le président Joseph Kabila de vouloir faire réviser l'article 220 de la constitution qui, entre autres choses, limite la durée de son mandat à 5 ans renouvelable une seule fois, en vue de pouvoir se représenter aux élections de 2016 pour un troisième mandat, et - pourquoi pas - devenir rééligible à vie. Cependant, à mesure que les jours passent, il semble fort bien qu'une stratégie beaucoup plus subtile soit entrain de se mettre en place : la prolongation pure et simple de l'actuel mandat au-delà de 2016, quitte à mettre tout le monde devant un fait accompli...

Joseph Kabila lors de la clôture officielle des concertations nationales à Kinshasa, le 5/10/2013. Photo: Radio Okapi
Révision constitutionnelle, une idée trop dangereuse pour Joseph Kabila...pour l'instant

La sortie en juin dernier du livre très controversé du Secrétaire général du parti présidentiel, le PPRD, Evariste Boshab, intitulé : "Entre la révision constitutionnelle et l'inanition de la nation", avait soulevé un véritable tollé au sein de la classe politique et de la société civile Congolaise. Assez pour permettre au camp présidentiel de mesurer le danger de l'implosion sociale que présenterait dans l'immédiat l'idée de faire réviser le fameux article 220 de la constitution pour assurer à Joseph Kabila de briguer un troisième mandat. Hostilité d'autant plus prononcée que nombreux sont les Congolais qui peinent encore à admettre la légitimité des institutions actuelles issues des élections de novembre 2011, à quoi s'ajoutent les frustrations causées par la persistance de l'insécurité dans l'est du pays, et les accusations de complaisance, d'incompétence, voire de complicité dont une opinion de plus en plus importante accable le président Joseph Kabila et son régime.

Depuis, les proches de Joseph Kabila ont multiplié les déclarations, expliquant à qui veut les entendre qu'Evariste Boshab n'a fait qu'exprimer une "opinion scientifique et personnelle", et que la question de la révision constitutionnelle n'était pas à l'ordre du jour dans la "Majorité présidentielle". Les participants aux concertations nationales qui se sont achevées le 6 octobre 2013 sont allés dans le même sens de l'apaisement, en indiquant dans leurs recommandations que l'article 220 de la constitution devait être respecté. 

Alors, bonne foi de Joseph Kabila et sa "Majorité présidentielle", ou simple changement de plan ? Les récentes déclarations des personnalités comme le nouveau président controversé de la Commission nationale électorale, l'abbé Apollinaire Malu-Malu, ou encore le président de l'Assemblée nationale Aubin Minaku, ne laissent plus beaucoup de doutes. 

Le recensement général de la population : la bonne parade ?

La règle de la continuité de l'Etat et des institutions est bien connu de tout le monde, même des profanes. Elle peut se résumer en cette phrase : "les animateurs des institutions du pays restent en place jusqu'à l'installation effective de ceux qui sont élus pour les remplacer". Peu importe que l'on respecte ou pas les délais constitutionnels. La règle est posée notamment à l'article 222 de la constitution de la RD Congo. 

Si donc Joseph Kabila devait rester au pouvoir au-delà de 2016 au nom de la continuité de l'Etat, faute d'élections devant désigner son successeur, il serait dans la légalité. La présidence de la République ne serait d'ailleurs pas la première institution à se retrouver dans pareille posture, puisqu'au jour d'aujourd'hui le Sénat, dirigé par le "semi-opposant" Léon Kengo wa-Dondo, de même que les gouverneurs de province et les assemblées provinciales, ont largement dépassé la durée de leur mandat de cinq ans, qui a expiré en 2011. Mais ils restent en place pour la simple (et "bonne") raison que les élections devant pourvoir à leur renouvellement n'ont toujours pas eu lieu. Et pour bénéficier de cette brèche, pas besoin de modifier la constitution; pas besoin de toucher au fameux article 220 de la constitution que les opposants à Joseph Kabila prennent pour leur fétiche-miracle contre son maintien au-delà de 2016. Les pauvres !

Dans un point de presse mercredi 9 octobre 2013 à Kinshasa, la déclaration de l'abbé Malumalu, nouveau président de la CENI, indiquant que les prochaines élections seraient organisées "à l'issue du prochain recensement général de la population" avait intrigué plus d'un observateur. En effet, ce recensement général de la population - le second dans l'histoire du pays, après celui réalisé il y a de cela plus de 29 ans, en 1984 - est censé débuter en 2014 et se terminer avant la fin de 2015. Mais il pourrait bien, pour une raison ou une autre, aller jusqu'en 2016, voire au-delà : problème de financement, difficultés logistiques ou techniques, ou bien, le meilleur de tous, un blocage politique pur et simple pour retarder le recensement..."autant que de besoin". Et Dieu sait que sur ce dernier coup, les politiciens Congolais peuvent être particulièrement brillants. 

"Le jour où on organisera les élections..."

Dans une interview sur RFI vendredi 11 octobre 2013, répondant à la question pourtant explicite du journaliste qui insistait pour savoir si le président Joseph Kabila partirai en 2016, le président PPRD de l'assemblée nationale, Aubin Minaku, a enfoncé le clou en déclarant : 
"Le président de la République partira après les prochaines élections. Parce que selon la constitution congolaise, une institution libère les fonctions quand il y a une autre qui a été élue de façon démocratique. Le jour où on organisera les élections présidentielles dans cette République, et que ce sera gagné par quelqu’un d’autre, celui-là remplacera Kabila".

Aubin Minaku a soigneusement évité le chiffre "2016", lui préférant une formule vague : "...après les prochaines élections". Mais il a surtout pris le soin de rappeler la fameuse règle de la continuité des institutions : "Une institution libère les fonctions quand il y a une autre qui a été élue de façon démocratique". (Juriste de formation, Aubin Minaku a-t-il pu manqué de peser ses mots?). En enfin la phrase assassine : "Le jour où on organisera les élections, et que ce sera gagné par quelqu'un d'autre...". Ça peut être en 2016 ou n'importe quand. Le jour où cela sera possible, ou nécessaire,...

Ce n'est pas excessif de penser qu'il se trame un plan de prolongation du mandat de Joseph Kabila au-delà de 2016. L'annonce qu'il devrait faire la semaine prochaine devant le congrès, en rapport avec les conclusions des concertations nationales, va probablement en révéler un peu plus sur ses véritables intentions. En tout cas, la formule de la prolongation est nettement plus facile et relativement plus "douce" qu'une révision constitutionnelle. Pas besoin de consulter le parlement ni le peuple : juste s'abstenir de faire ce qui rendrait possible l'organisation de la présidentielle en 2016. Il n'en demeure pas moins que le risque de protestations demeure, si jamais ce plan se confirmait. On peut juste espérer que ce ne soit qu'un banal suspense; que les élections se tiendront bel et bien en 2016; qu'elles seront meilleures que celles de 2011; et que Joseph Kabila n'y prendra pas part.

dimanche 6 octobre 2013

Souriez avec moi ! Je suis de retour sur Blogger...

Bonjour à toutes et à tous !

Après près de cinq mois d'absence - mon Blogger s'était bloqué aussi miraculeusement et aussi soudainement qu'il s'est débloqué - je suis heureux de vous retrouver.

Je vous réitère mes excuses pour cette longue et pénible interruption, qui était totalement étrangère à ma volonté.

Je ne puis vous dire combien je suis heureux de retrouver la possibilité d'utiliser ce blog, que votre fidélité et vos remarques bienveillantes ont réussi à me faire aimer tant.

Vous m'avez beaucoup manqué...

A très bientôt, avec un billet de (ré)inauguration !

Bien à vous,
JM