Allocution de JOSEPH KABILA à Goma. Résumé et traduction.
Par Jean-Mobert N.Senga
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Le président Joseph Kabila (au second plan) à l'un des endroits où son convoi s'était embourbé, sur la route nationale n°4 (Kisangani-Bunia) le 22 novembre 2013. |
1. Contexte
Dimanche 1er décembre 2013 - Devant plus ou moins 1500 invités (autorités locales, représentants de
communautés ethniques,…sauf quasiment tous les membres des coordinations de la société
civile du Nord-Kivu) réunis dans la salle de l’hôtel New Riviera (appartenant à
son ministre du travail, Bahati Lukwebo), le président Joseph Kabila s’est
exprimé en Swahili pendant près d’une heure. Les quelque 3 mille autres invités
qui n’ont pas pu trouver une place ont dû retourner chez eux, après avoir
attendu sur des files indiennes, pendant plus de deux heures, à l’extérieur de
l’hôtel.
2. Résumé de l’allocution
L’allocution de Joseph Kabila peut se résumer en ces quelques
phrases :
- Un président sur la défensive :
Joseph Kabila a affirmé que la guerre qui a éclaté en 2012 l’a surpris, au
moment où il pensait que le temps d’entreprendre des actions de développement
était arrivé, après une longue période de rébellions). Il a reconnu n’avoir pas
réalisé ses promesses électorales (au passage il a fait allusion aux messages
des jeunes de la LUCHA qui, lors de son arrivée à Goma, tenaient des pancartes
lui rappelant ses promesses non tenues : eau, routes, électricité). Mais à
sa défense, il a estimé que la première de ses promesses était la paix ;
que la paix était enfin là ; et qu’il allait pouvoir dorénavant se mettre
à en réaliser les autres. Il a indiqué que l’effort de guerre avait nécessité
la suspension de tous les projets de développements, non seulement au
Nord-Kivu, mais partout dans le pays. Enfin, il a expliqué qu’il lui a fallu
plus d’une année et demie pour lancer une offensive contre le M23 parce que
« la guerre n’est pas un jeu » et qu’il lui fallait : préparer
l’armée (la moderniser), changer le commandement des FARDC, mener les fronts
politique et diplomatique (pour, a-t-il dit, faire éclater la vérité sur les
raisons de ces guerres répétitives aux yeux du monde, et construire la cohésion
nationale), et « trouver une stratégie militaire » efficace pour
vaincre ladite guerre.
- Avertissement envers les voisins de la RDC (spécialement le Rwanda et
l’Ouganda, sans les nommer) :
« Le Congo a respecte tous ses voisins », a lancé Joseph Kabila.
Avant d’ajouter : « J’ai dit que les pays voisins doivent aussi
commencer à respecter le Congo et son peuple… Nous n’avons pas l’intention
déstabiliser un seul pays voisin ; nous n’avons aucune raison de le faire.
Mais nous ne voulons pas que quelque pays voisin que ce soit continue ou
s’imagine pouvoir continuer de déstabiliser le Congo. Je sais que vos voisins
ici tout près vont réagir. Quand ils réagiront, vous me direz ». Il a
affirmé que toutes les guerres qui se mènent au Congo n’ont pas pour but que le
pillage des ressources naturelles, mais « visent la balkanisation du
Congo ». A ce sujet, il a même dit faire une révélation au sujet d’une
délégation occidentale qu’il aurait reçue à Kinshasa en 2002, et qui lui aurait
proposé à l’époque une « gestion séparée » des trois parties jadis
occupées respectivement par son gouvernement, le RCD et le MLC. « Je leur
ai dit : vous pouvez prendre votre proposition et la jeter dans les
toilettes », a-t-il scandé, dans un torrent d’applaudissements.
- Annonce de quelques mesures :
Joseph Kabila a en outre annoncé qu’avant la fin de l’année en cours, il va
changer plusieurs « responsables sur l’ensemble du Nord-Kivu…et dans
les autres provinces de l’Est », comme une réponse aux allégations de
tracasserie et de corruption dont la population lui a fait part. « Il y en
a qui, à force de rester trop longtemps, ont transformé leurs entités en de
petites républiques », a-t-il dénoncé en substance. Enfin, il a promis que
« la modernisation de l’armée » allait se poursuivre, et que les élections
locales et provinciales allaient se avoir lieu « bientôt », exhortant
« tout le monde » à se préparer déjà.
- Reconnaissance envers la population de Goma et du Nord-Kivu
A la fin de son allocution, Joseph Kabila a remercié et félicité la
population de Goma et du Nord-Kivu pour avoir « résisté et refusé de se
soumettre au joug des autres ». « Bien qu’étant loin à Kinshasa –
vous pouvez me croire ou ne pas me croire – mon esprit était à Goma »,
a-t-il dit. Et d’ajouter : « votre résistance et votre courage nous
ont permis de vaincre cette guerre ».
3. Bref commentaire
- C’est un Joseph Kabila étonnamment détendu qui s’est adressé à l’audience
du New Riviera, malgré dix jours de
voyage sur un millier de kilomètres d’une route en très mauvais état et
traversant des milieux à haut risque sécuritaire, de multiples réunions, ... A
Goma, il a fait quelque trois kilomètres de marche à pieds.
- Joseph Kabila a littéralement évité des meetings populaires et les points
de presse. A l’exception notable de Rutshuru, où il s’est adressé à la
population au stade Mwami Ndeze, il a préféré des réunions en salles closes
avec « des représentants de toutes les couches de la population »
invités par les soins des autorités locales (le gouverneur et les maires en
l’occurrence). Etait-ce faute de temps ou par crainte de s’offrir en proie à
des masses dont il n’est pas certain d’avoir reconquis l’âme ? Difficile
de savoir. Le fait est qu’à Goma, son arrivée n’a pas suscité beaucoup
d’engouement de la part des habitants, à part les quelques centaines de gens
mobilisés par les états-majors des partis de la majorité présidentielle (ou
« proches ») et d’autres curieux.
- Le convoi parti de Kisangani, composé d’une centaine de véhicules et de pas
moins de 200 personnes (dont les militaires de la garde présidentielle), était
aussi impressionnant que coûteux. Ajouté les délégations officielles qui attendaient
à Goma. Il aurait certainement été possible de faire cette tournée nécessaire
avec plus de parcimonie.
- Le gouvernement qui a tenu un conseil extraordinaire expédie les affaires
courantes. Cela aurait eu plus de sens, à mon avis, si Joseph Kabila s’était
déplacé avec le nouveau gouvernement attendu.
- Aucune grande mesure n’a été annoncée de façon concrète, que ce soit par le
président de la République dans ses allocutions que par le Conseil des
ministres : les questions essentielles éludées, pas d’échéances, …
4. Principaux extraits
« La guerre qui a éclaté début 2012 a été une grande surprise pour
moi. Parce qu’après tout ce que nous avons accompli depuis 2003, nous pensions
que la guerre était terminée, et que nous allions nous focaliser sur le
développement, mais une nouvelle guerre a éclaté... »
« La population se demandait pourquoi cette nouvelle guerre, et
pourquoi cela prenait beaucoup de temps pour y mettre fin. Le Kivu, c’est une
région où règne beaucoup de rumeur, de mensonges et d’intoxication, ce qui
produit une situation explosive. Je veux vous dire
pourquoi il nous a fallu deux ans pour terminer cette guerre et ce que nous
faisons pour qu’elle ne recommence pas… Cela ne dépend pas de
nous. Si tout dépendait de nous, nous ne voudrions pas que la guerre survienne
un seul jour. Mais nous vivons avec des voisins dont l’intention est peut-être
de voir le Congo demeurer dans la guerre, et pour qui le Nord et le Sud-Kivu
sont les portes d’entrée dans notre pays. Nous avons mis beaucoup de temps à
terminer cette guerre parce que nous nous sommes dits : « cette fois,
il faut que nous la menions vaillamment ».
« J’ai dit nous allions mener la guerre sur trois fronts.
Le front diplomatique : les gens disaient qu’il
y a la guerre au Congo à cause du tribalisme, parce qu’une certaine communauté
serait victime d’exclusion, ou encore parce qu’il y aurait des problèmes de
nationalité. Dans la guerre diplomatique, nous voulions
que le monde entier sache la vérité sur qui fait cette guerre, pourquoi il la
fait, qui le soutient, … Nous l’avons fait et je pense qu’aujourd’hui la voix
du Congo a commencé à être entendue.
Le deuxième front c’est le front politique, que j’appelle le front
de la cohésion interne, parce que nous voulions que la guerre qui se menait au
Nord-Kivu ne soit pas seulement celle des enfants de Goma, de Rutshuru, mais
celle du Congo tout entier, et pour que cela soit possible, il était nécessaire
de mettre tous les Congolais ensemble, les amener à regarder dans la même
direction et à avoir une même vision. C’était un front important et très
difficile, parce que le Congo a de nombreux partis politiques, opposition comme
majorité. Certains nous ont accepté de nous soutenir, d’autres ont choisi de ne
pas nous soutenir. Mais nous ne nous soucions pas de savoir qui nous a soutenus
ou pas. Nous regardons l’objectif que nous voulons atteindre, qui est de
galvaniser l’ensemble de la population congolaise en vue de combattre pour la
paix au Congo et dans la province du Nord-Kivu.
Je suis heureux de vous dire aujourd’hui que ce front [politique] nous a permis
d’amener toute l’opinion nationale ou presque à se ranger derrière nos FARDC,
derrière l’objectif que nous poursuivons : ramener la paix, le
développement au Nord-Kivu. La deuxième raison qui nous a poussé à mener ce
front politique, c’est que lorsque le M23 a été créé par les gens X, des
députés – pas tous, mais certains – des députés ont rejoint le M23… Je me suis
dit que si un député élu par le peuple peut se réveiller un matin et décider
que sa place n’est plus à l’assemblée nationale mais à côté du M23 à Runyoni ou
je ne sais où, c’est qu’il y a un problème très sérieux de vision, de
patriotisme. C’est cela qui nous a poussé à galvaniser l’opinion…et c’est un
grand travail qui nous a pris beaucoup de temps.
Le troisième front, qui était le plus important, c’est le front
militaire : je sais que la population de Goma ou de
tout le Nord-Kivu était très en leste, mais la guerre n’est pas une blague. Tu
ne peux pas juste te réveiller un matin et te dire « je vais faire la
guerre ». La guerre se planifie. Et moi je n’ai pas voulu que
nous puissions tomber dans les mêmes erreurs que nous avons commises en 2009… J’ai dit « nous allons faire la guerre, mais nous la ferons de manière
professionnelle ». Ca signifie qu’il nous a fallu faire des
changements au niveau du commandement de notre armée ; il nous a fallu
nous procurer l’équipement militaire ; et il nous a fallu trouver une stratégie
militaire pour mener cette guerre…
C’est là qu’il y a souvent une contradiction entre vous, population du
Nord-Kivu, et moi-même… La contradiction que nous avons c’est laquelle ?
Vous vous imaginez que s’il y a une telle stratégie militaire quelconque, je
viendrai vous trouver et vous dire voilà demain nous attaquerons telle
personne ! La guerre ne se fait pas comme cela. C’est de cette façon que
la guerre se conduisait par le passé, et c’est ce qui nous conduisait aux
échecs que nous avons connus. Nous avons mis un temps long, une année et demi,
pour pouvoir préparer notre armée – et nous continuons de la préparer.
Parce que, bien que je vous ai dit tout à l’heure que
la guerre est finie, ce n’est qu’une étape. Lorsqu’une guerre se
termine dans la région des Grands-Lacs, tu commences à te préparer à la guerre
suivante parce qu’elle viendra nécessairement. Elle viendra. Quelqu’un dit : « au nom de Jésus !» Ne nous y trompons pas,
car il est dit aide-toi et le Ciel t’aidera. Notre façon de nous aider
nous-mêmes, c’est continuer à nous préparer nuit et jour. Et c’est pour cela
que je demande à la population du Nord-Kivu d’être très vigilante, pour que
nous ne soyons pas surpris par une autre guerre. Et je veux que lorsque cette autre guerre va commencer nous soyons prêts, nous
soyons debout ; que nous ayons la capacité d’y résister et de la vaincre.
« La guerre nous a pris beaucoup de temps, qu’est-ce qui suit ?
Hier quand je passais j’ai vu des gens qui me rappelaient que j’avais fait
des promesses : des routes, tu as dit l’eau, tu as dit l’électricité… Au fond
de mon cœur j’ai dit ils oublient la plus grande promesse que j’ai faite au
Nord-Kivu. La plus grande et la première promesse que
j’ai faite au Nord-Kivu c’était la paix. Et j’ai dit, fin 2011,
avant que la paix n’éclate en 2012, que sans la paix nous ne réussirons pas à
faire toute autre chose. Et c’est l’exemple que j’ai donné à la population de
Butembo comme le gouverneur vient de le rappeler : si une personne a cinq mille francs ; qu’elle se sent malade, et
qu’elle sent qu’elle en même temps besoin de chaussures ; elle a le choix
entre se procurer les chaussures ou utiliser cet argent pour se procurer le
médicament et se soigner. C’est ce dernier choix que moi j’ai fait. C’est-à-dire, nous avons la guerre – ce sont ces maux de tête – ; nous
avons des routes à construire, de l’eau à amener – ce sont ces pieds sans
chaussure – et nous avons l’argent pour acheter soit un char de combat, soit
une niveleuse pour faire les routes à Goma.
J’ai dit à la population de Butembo que jusque là moi je ne regrette rien
du choix que j’ai fait, et j’assume. J’assume ce choix qui était de nous
procurer l’équipement, de faire la modernisation de l’armée pour que nous
puissions vaincre la guerre, ce qui devait nous permettre par la suite de
réaliser toutes les promesses que nous avons faites. Moi je tiens toujours mes
promesses. Aujourd’hui, prenez bien note, c’est le 1er décembre, et je répète mes promesses : en 2003 j’avais promis la
réunification et nous l’avons réalisée, en dépit de toutes les
complications....
Je voudrais vous dire, population de Goma, que la réunification n’était pas
un jeu. Parce que toute guerre qui se mène au Congo, son
objectif n’est pas simplement le pillage et partir ; l’objectif de la
guerre c’est toujours la balkanisation de ce pays… En 2003 ou 2002, je recevais une délégation à Kinshasa. Dix ans ont passé,
et lorsque tu as gardé un secret pendant dix ans tu es permis de le livrer.
Alors – et je l’ai déjà dit à des gens de la société civile qui étaient venus
me voir – en 2002, je reçois une délégation venue de
l’Europe. Ils arrivent à Kinshasa et ils me disent « Président, tu vois,
le gouvernement contrôle la plus grande partie du pays pour le moment ; le
pays est divisé en trois parties avec le RCD à l’Est, le MLC au nord ; nous
nous venons avec notre proposition que voici, et nous avons déjà pris langue
avec les autres qui sont à Goma et à Gbadolité : pourquoi n’accepterais-tu
pas qu’il soit établi une gestion séparée de ces parties sur une période de
cinq ans, et par la suite vous pouvez vous asseoir et voir comment vous allez
faire…» Je leur ai dit : vous pouvez jeter votre proposition dans les
toilettes. Alors, l’objectif de la guerre dans le
pays, il faut le savoir, ce toujours la balkanisation. Mais aujourd’hui toute
la population congolaise s’est levée, et c’est depuis longtemps, et elle refuse
la balkanisation de son pays.
La troisième chose, comme je l’ai dit à la population de Rutshuru, après la guerre, nous ne devons pas nous enivrer de victoire. S’enivrer de victoire c’est s’imaginer que la guerre est finie, qu’on est
les premiers, … J’ai dit abandonnons l’exclusion ; abandonnons le
tribalisme s’il existe. Tous ceux qui sont dans les groupes armés :
Mayi-Mayi tel, Mayi-Mayi La Fontaine, Mayi-Mayi Cheka…disons-leur que ce jeu
est terminé. Je veux que tous les leaders d’opinions, tous les notables, les
députés au niveau national et provincial, fassent de la démobilisation de tous
les miliciens leur affaire. Parce que notre population veut la paix, et eux ne
peuvent pas triompher de l’Etat… Nous avons pris la décision, cette fois-ci,
s’ils ne veulent pas déposer les armes, nous allons les poursuivre partout et
nous allons les désarmer […]. Les autres groupes : FDLR, ADF/NALU, à eux
le message c’est le même : quitter la forêt, déposer les armes, nous les
remettons à la MONUSCO et elle les ramène chez eux. Dans le cas contraire, nous
allons les traquer et en finir avec eux.
Voilà le message que je donne à la population. A Rutshuru, j’ai aussi
adressé un message à nos voisins. Et c’est vous qui êtes avec eux tous les
jours, vous allez leur faire parvenir ce message : j’ai dit que le Congo
respecte tous les pays qui l’entourent. Le Congo n’a jamais entrepris de faire
une agression dans un autre pays. Parce que nous n’avons ni l’intention, ni le
motif, ni l’envie de le faire. Nous voulons vivre dans la paix, et nous avons
tout ce dont nous avons besoin chez nous. J’ai dit : nous voulons qu’eux
aussi aient ce même respect pour le Congo et son peuple. Parce que la tendance
depuis dix ans maintenant c’est un jeu consistant à fabriquer des rébellions. Nous n’avons pas l’intention déstabiliser un seul pays
voisin ; nous n’avons aucune raison de le faire. Mais nous ne voulons pas
que quelque pays voisin que ce soit continue ou s’imagine pouvoir continuer de
déstabiliser le Congo. Je sais que vos voisins ici tout près vont réagir. Quand
ils réagiront, vous me transmettrez leur réaction...
« La cinquième chose, ce sont les problèmes qui sont dans la province.
La guerre était une bataille, l’autre bataille c’est celle de la lutte contre
la pauvreté et le sous-développement… Quand je passais dans le grand-Nord, la
population me disait : président notre grand problème ce sont les
tracasseries, surtout pour les personnes qui font des déplacements. L’autre
problème c’est la corruption ; nous avons un problème avec notre justice.
Et moi je leur ai dit la solution que j’ai à très court, peut-être moyen terme,
à très court terme je leur ai dit : la plupart des problèmes de
tracasserie c’est dû – et cela c’est notre faute – c’est dû au fait que nous
avons laissé certains responsables très longtemps en place, à presque tous les
niveaux, et ils sont devenus des chefs coutumiers.
« D’autres ont transformé leurs ressorts en de républiques, leurs
petites républiques. Pour cela, la solution à très court terme avant la fin de
cette année – c’est déjà le mois de décembre – mais avant la fin de cette année nous allons effectuer des changements. Ces
changements seront effectués avec objectivité et vont concerner les
responsables à tous dans l’ensemble de la province. Et ce n’est pas seulement au Nord-Kivu, c’est un problème que nous avons en
Province orientale, au Sud-Kivu...presque toutes les provinces de l’Est de
notre pays. Cela nous allons le faire…
« Nous tenons un Conseil de ministres ici…qu’est-ce que nous allons
décider ? Nous déciderons deux ou trois choses. La première c’est la
consolidation de la paix dans cette province, qui passe elle-même par plusieurs
étapes, dont celle de la poursuite de la modernisation de l’armée pour que nous
soyons toujours prêts ; celle de la dotation de moyens à l’administration,
à la justice pour que les services de l’Etat soient assurés ; celle aussi
de trouver les moyens nécessaires pour poursuivre tous les projets que nous
avions suspendus. J’ai dit que nous avions suspendu tous les projets pas
seulement au Nord-Kivu, mais dans tout le pays – j’insiste pour que nous puissions
nous entendre – parce que nous nous disions, notre premier ennemi il faut que
nous puissions le vaincre, et si nous y arrivons nous poursuivons avec les
projets. C’est chose faite, maintenant nous allons débloquer les moyens et nous allons poursuivre avec tous les projets qui étaient gelés.
« Je sais que c’est devenu un fond de commerce pour beaucoup de gens,
surtout les politiciens qui disent voyez ils ont dit qu’ils construiraient
ceci, qu’ils feraient cela… Moi quand je promets je réalise. Et si je n’arrive
pas à réaliser, je dois venir et dire voilà je n’ai pas pu réaliser telle
promesse pour telle raison et telle autre. Et c’est ce que je viens de faire
ici. J’avais promis de réaliser un certain nombre de
choses, nous avons échoué de le faire, et je vous en ai donné les raisons. Pour
cela, je vous prie d’avoir la patience… Bien que comme on dit « Saint
Thomas croit seulement ce qu’il voit », je veux que vous puissiez me
croire.
« Le dernier point, c’est celui de la démocratie. Après 2003, nous
avons pris l’option de la démocratie, pour que la population se choisisse ses
dirigeants. Nous avons déjà fait des élections à deux
reprises. Certains disent qu’en 2006 elles se sont bien déroulées, en 2011
elles se sont mal déroulées ; pour ma part je pense qu’elles se sont
toutes bien déroulées. La démocratie c’est un long processus, et
d’autres élections – locales et provinciales – viennent bientôt, que tout le
monde se prépare déjà… Le maire sera élu, les bourgmestres seront élus… ainsi
après ces élections lorsque je reviendrai ne venez pas me demander pourquoi il
n’y a pas tel boulevard : la première personne à qui il faudra vous
adresser c’est le maire de la ville, le gouverneur de province.
« Je terminerai par où j’ai commencé : vous présenter ma
compassion. Bien que j’étais loin à Kinshasa – vous pouvez me croire ou ne pas me croire – mon cœur battait à Goma. Désolé pour tout ce qui est arrivé ! Je félicite la population du Nord-Kivu, parce que c’est une population qui
a résisté ; qui a refusé de se placer sous le joug des…autres. Certains ont prétendu qu’ils sont de Goma, du Nord-Kivu, mais la population
n’est pas dupe. Elle a dit : « toi tu es un enfant de Bukavu, de
Goma, mais qui est derrière toi ? » Félicitation parce que vous nous
avez donné la force de vaincre cette guerre ».