Une quarantaine de jeunes intellectuels congolais ont manifesté ce mercredi 15 août devant l’hôtel IHUSI de Goma où se tenait la réunion du fameux Sous-Comité des ministres de la défense des Etats Membres de la CIRGL (la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs) qui doit notamment « proposer des éléments précis sur l’opérationnalisation de la Force internationale neutre ».
L’objectif de ces jeunes était de marquer leur ferme opposition au déploiement d’une Nième « force internationale » à l’Est de la RDC, de dénoncer l’impasse qui s’observe dans la l’éradication définitive des rébellions récurrentes aux Kivu, et de dire leur ras-le-bol face aux tergiversations de leur gouvernement qui n’arrive pas à trouver une solution claire et durable à l’actuelle crise sécuritaire générée par le « sinistre M23 ».
Les mains liées en signé de non-violence, ces jeunes arboraient des affiches (suspendues à leur cou) sur lesquelles on pouvait lire, notamment :
« Nous attendons la paix, nous voulons des solutions et pas de demi-mesures ou des excuses ».
« Six millions de morts, soit trente millions de litres de sang des congolais versé gratuitement et injustement, c’en est trop ».
« Non à une force internationale de trop, OUI AU RENFORCEMENT DES CAPACITES DES FARDC ET AU CHANGEMENT DU MANDAT DE LA MONUSCO (…) ».
« Faites vite, nous voulons regagner nos villages et nos territoires car nos champs nous y attendent ».
« Deux décennies de conférence en conférence, des rencontres en rencontres, de négociations en négociations. A quand la paix effective à l’Est de la RDC ? »
« Communauté internationale, à quoi sert le fameux Chapitre VII ?»
« Six millions de morts, soit trente millions de litres de sang des congolais versé gratuitement et injustement, c’en est trop ».
« Non à une force internationale de trop, OUI AU RENFORCEMENT DES CAPACITES DES FARDC ET AU CHANGEMENT DU MANDAT DE LA MONUSCO (…) ».
« Faites vite, nous voulons regagner nos villages et nos territoires car nos champs nous y attendent ».
« Deux décennies de conférence en conférence, des rencontres en rencontres, de négociations en négociations. A quand la paix effective à l’Est de la RDC ? »
« Communauté internationale, à quoi sert le fameux Chapitre VII ?»
Une action lourde de sens
C’est la première fois dans l’histoire du Nord-Kivu qu’on voit des jeunes intellectuels se mobiliser et manifester pacifiquement leur opposition, leur indignation, tout en proposant la meilleure solution à leurs yeux sur un sujet aussi sensible que celui de la rébellion du M23. Un important dispositif sécuritaire était déployé autour de l’hôtel IHUSI, pourtant ils ont pu arriver jusqu’à l’entrée de l’hôtel sans que les militaires ne se rendent compte que c’étaient des manifestants. Par la suite, la police a essayé de les chasser brutalement des lieux, mais elle n’a pas réussi. On aurait pu les arrêter, les disperser à coup de bâtons (ou de balles !), … Mais peut-être est-ce la magie de la non-violence qui a fonctionné ! En tout cas, la manifestation s’est tenue comme prévu, et le message que ces braves jeunes voulaient faire passer est arrivé aux oreilles des destinataires.
Vous vous posez sans doute la question de savoir ce que cela peut bien faire pour le gouvernement congolais ou pour la CIRGL que quelques dizaines de jeunes manifestent publiquement leur opposition à leur plan ? Que ces jeunes soient quelques dizaines ou des milliers ; que leur action ait ou non quelque influence sur les décisions des politiques ; là n’est pas la question. L’essentiel est dans la symbolique d’un éveil de la conscience et d’une veille citoyenne qui se raffermissent parmi les jeunes congolais – et pas n’importe lesquels : des jeunes instruits. Une véritable révolte constructive, résultante d’un ras-le-bol évident et prévisible de la part de l’élite juvénile congolaise, est entrain de d’émerger : c’est une bonne nouvelle pour ceux qui croient et se consacrent honnêtement à l’avènement de la paix durable et de la résilience en République Démocratique du Congo, tandis que c’est la perspective la plus redoutable et la plus inattendue pour ceux qui, au Congo ou à l’étranger, ne souhaitent pas voir poindre à l’orient congolais le soleil d’un tel jour de gloire…
En fin de compte, la jeunesse commence à oser défier la peur, la violence et les intimidations de ceux qui préféreraient guider la RDC là où bon leur semble, et c’est déjà ça de gagné. Demain, qui sait, ce seront peut-être des centaines de jeunes congolais, puis des milliers et des millions qui diront non aux politiques machiavéliques ; qui dénonceront les coupables légèretés ; qui démasqueront les complicités dans la décadence de la Nation ; qui proposeront des solutions, même radicales, mais efficaces ; qui refuseront de demeurer les otages d’une classe politique défaillante ; qui cesseront de s’apitoyer sur leur sort ou de se plaindre, et qui prendront les choses en mains, tout simplement …