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mercredi 5 décembre 2012

Le Rwanda menace d'entrer ouvertement en RDC

Noires fureurs...
La ministre rwandaise des affaires étrangères a, au cours d'un point de presse tenu hier (mardi 4 décembre 2012) à Kigali, laissé entendre que le Rwanda pourrait entrer de nouveau en RDC "pour y pourchasser les FDLR", si "leurs attaques" venaient à constituer une menace "sérieuse" pour la sécurité du Rwanda, en termes de fréquence ou d'intensité.

Madame Louise Mushikiwabo a déclaré : "Nous suivons la situation de très près. Nous ne voulons pas être forcés d'entrer en RDC à la poursuite de ces milices génocidaires. Si ces attaques persistent [...] nous allons y répondre sérieusement".

La veille, le chef d'Etat major des forces de défense du Rwanda (RDF), le général Charles Kayonga, avait tenu des propos similaires à Gisenyi, devant la population rwandaise établie le long de la frontière avec la RDC. "Nous allons les attraper ou les combattre s'ils s'ils essaient encore de destabiliser le pays", avait-il menacé.

Ces menaces à peine voilées de "retourner" en RDC si besoin était font suite aux allégations des autorités rwandaises au sujet d'incursions des FDLR "en provenance de la RDC et soutenues par le gouvernement et l'armée congolais" sur le territoire rwandais, le 27 novembre et le 2 décembre derniers. Allégations invraisemblables qui n'ont pas manqué d'intriguer les experts de la région et de stupéfier le autorités congolaises, étant donné le contexte dans lequel elles interviennent.

En effet, le Rwanda est constamment accusé par différents rapports de l'ONU, de la Monusco et d'ONG, de soutenir la rébellion du M23 qui s'emploie à déstabiliser la RDC depuis le premier trimestre de cette année. Le tout dernier rapport des experts des Nations-Unies va jusqu'à affirmer que le Rwanda a créé, entraîné, équipé, et directement commandé les rebelles, et a pris part active à leur récent assaut contre l'importante ville de Goma. Ces accusations jugées de ridicules par le Rwanda lui ont pourtant vallu de plus en plus de critiques, voire des sanctions économiques.

Le Rwanda fait tout pour déplacer le débât en instrumentalisant une milice qui n'a plus de capacités de nuisance contre sa sécurité que dans son imagination. En agitant le jocker "atteinte à la sécurité du Rwanda par des milices Hutu génocidaires soutenues par la RDC", il espère, soit se donner un motif plausible pour entrer ouvertement en RDC, soit revêtir sa parrure de victime déchirée par d'accablantes accusations d'auteur de guerre et d'agresseur. "Nous ne sommes pas là bas, mais nous y entrerons si ces attaques ne cessent pas, et personne ne pourra nous arrêter. Car lorsque ces gens massacraient un million de Tusti au Rwanda, vous n'êtes pas venus les arrêter, et nous avons fait le travail tous seuls". L'argument n'est pas nouveau, et il faisait taire certaines bouches il y a quelques années seulement. Peut-il opérer cette fois encore ? En tout cas, le Rwanda mise dessus... Etrange ressemblance avec ce qui se passe au moyen-orient entre Israel et ses voisins (Iran, Palestine, Liban...) ! Et le monde est souvent anéanti, réduit à observer, lorsqu'il approuve pas les actions de la partie "historiquement victime" carrément.

Le Rwanda maintient par la même occasion une pression permanente sur le gouvernement congolais, qui va entamer cette semaine des pourparlers avec le M23. Son message semble être tout simple : "faites pas le malin, car nous n'entendons pas lâcher la partie tout de suite ; nous pouvons intervenir n'importe quand, sous un autre motif - officiel - cette fois". Qui va l'emporter ? Wait and see !