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mercredi 2 mai 2012

Réfugiés Hutu Rwandais au Congo: Ce que l'on ne dit pas

Les réfugiés Hutu Rwandais en République Démocratique du Congo sont souvent assimilés (globalement) aux miliciens Interahamwe ou aux FDLR, qui ont semé et sèment encore la désolation dans plusieurs parties de l'est de ce pays. C'est un tort. Ils sont au Congo depuis plus 18 ans aujourd'hui. Ils sont dispersés dans toutes les provinces de ce vaste pays, et la plupart sont ceux qui se sont parfaitement intégrés dans la société congolaise, et vivent quasiment comme des Congolais, en bonne harmonie avec ceux qui leur ont donné de l'hospitalité. Leur nombre est inconnu (ils vivent dans des villes et des villages, pas dans des camps de réfugiés comme ailleurs sur le continent africain), mais ils sont certainement plusieurs dizaines de milliers. Certains d'entre eux ne connaissent d'autre patrie que le Congo, parce qu'ils y sont nés ou y ont grandi.

Vous en doutez ? Je dois avouer qu'il y a de cela quelques jours, moi même je ne pouvais pas être aussi certain de ce que je suis entrain de dire maintenant. Mais je suis tombé sur l'article que je vous propose ci-dessous en intégralité, au hasard de mes lectures sur Internet, et j'ai été surpris ! Je le reproduis pour rendre témoignage, à ma manière, de cet exemple rare d'intégration, dans une région où les préjugés et la désinformation gouvernent souvent les cœurs et les esprits. 

Kasaï -Oriental – Des Hutus rwandais devenus presque congolais

Au Kasaï-Oriental, Congolais et Hutus rwandais installés là depuis 16 ans vivent en bonne entente. Des terres ont été données aux réfugiés qui vendent leurs productions aux autochtones, les mariages entre eux sont nombreux, les autorités satisfaites… Il ne manque aux Rwandais que la nationalité congolaise pour être totalement intégrés.
Quand on arrive à Ciabobo ou à Kacia à quelque 200 km de Mbuji-Mayi au centre de la RD Congo, il est difficile de savoir qui est congolais et qui ne l’est pas. Tout le monde parle le swahili, le tshiluba et le kanyok un dialecte local. Il faut poser la question pour savoir qui est effectivement congolais et qui fait partie des 12 200 Hutus rwandais réfugiés ici après avoir fui la guerre de libération de Laurent Désiré Kabila en 1996–1997. « Depuis leur arrivée, ils ont appris notre dialecte et nous nous comprenons le leur », explique un autochtone. Ils sont actuellement repartis en trois colonies de champs basés à Ciabobo, Kacia et Lusuku. Aujourd’hui ils font plus que cohabiter avec les gens du cru, ils sont bien intégrés.
« A notre arrivée personne ne voulait s’approcher de nous car nous parlions le kinyarwanda que les Congolais ne parlaient et ne comprenaient pas mais aussi nous étions dans période de troubles. C’est le swahili qui nous a permis de nous parler, explique un de ces « réfugiés » qui s’est marié à une Congolaise. Grâce à cette langue les Congolais nous ont donné des terres. Aujourd’hui nous avons des champs qui nous permettent de vivre. »
« Pour avoir les terres les autorités d’alors avaient mené une sensibilisation auprès des autochtones pour qu’ils nous cèdent les lopins inexploités », précise Grégoire Mutuza croisé à Lusuku.
Depuis lors, ils cultivent activement bananes, riz, patates douces et toutes les cultures maraichères. Des semences leur ont été distribuées par le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) qui surveille régulièrement leur vie. « Nos produits nous les vendons aux commerçant congolais qui vont les rendre à Mbuji-mayi et depuis ils nous fréquentent et nous allons vers eux », renchérit Mutuza.
Mariages entre communautés
A Kacia, Junior Muderwa explique que la cohabitation est bonne : « Ils sont extraordinaires dans leur relation avec d’autres communautés ! ». Les Rwandais sont satisfaits non seulement de l’accueil qui leur a été réservé mais aussi des terres qu’ils ont eues.
Des mariages ont été célébrés selon la coutume de la place, le plus souvent entre une Congolaise et un Rwandais, moins entre une Rwandaise et un Congolais.
« Au départ les parents congolais ne voulaient pas laisser leurs filles nous épouser mais ils ont compris que l’amour n’a pas des frontières », raconte Daniel Kabore trouvé à Lukusu. Maintenant les mariages entre les deux communautés sont légion et ne posent aucun problème.
« Si nous nous marions aux Congolais, c’est parce que nous sommes sûrs d’une chose, la RDC est devenue notre patrie », estime Cyprien Biriganine qui ajoute : « Je suis ici depuis 15 ans et pendant toutes ces années, j’ai travaillé les champs, mes produits sont aussi consommés par les Congolais. » Pour lui la RDC devra être reconnaissante des services qu’ils rendent.
Pour Guillaume Inganore qui a 50 ans, « le Rwanda c’est mon pays, je peux y rentrer à tout moment, mais me demander de rentrer, c’est me demander de revenir 15 ans en arrière. » La plupart ne souhaitent pas y retourner. « Je suis né ici, mes parents me parlent du Rwanda, mais pour moi le Rwanda est un pays étranger », clame Jacques Birigngua, 14 ans.
Considérant vraiment la RD Congo comme leur pays, certains ont demandé à avoir la nationalité congolaise.
Côté congolais, les avis sont clairs : « Leur donner la nationalité ou pas, peu importe, ce sont déjà des Congolais car nous nous marions et nous parlons les mêmes langues et dialectes », estime un cultivateur de Lusuku qui apprécie bien le Kasiski, la bière de bananes fabriquée par les Hutus. « Ces terres étaient Inexploitées depuis des décennies, aujourd’hui nos frères hutus les ont mises en valeur. C’est une bonne chose qu’ils restent là », renchérit un autre.
Pour l’administrateur du Territoire de Luilu, la cohabitation entre les deux peuples est réelle : « Depuis notre avènement à la tête du territoire, aucune plainte n’a été portée à notre connaissance. Mais l’administration locale n’a pas qualité de donner la nationalité à qui que ce soit. Pour Hippolyte Mutombo, ministre provincial de l’Intérieur, « le Congo est une terre d’asile pour tout le monde sauf pour celui qui veut déstabiliser un pays voisin ». Mêmes propos tenus par Bruno Kazazdi, vice-gouverneur et natif de Luilu : « Ils vivent bien, la question de la nationalité est résolue par les lois du pays. »
Richard Kayembe Kasongo (http://syfia-grands-lacs.info/)

Source: www.direct.cd

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