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jeudi 23 août 2012

Recrutement des jeunes au sein des Forces Armées de la République Démocratique du Congo : un non-sens dans l’état actuel des choses !


COMMUNIQUE DE PRESSE n°070/CC/CO/L230812



1.    Le gouvernement de la République Démocratique du Congo, notre chère patrie, a lancé depuis le début de ce mois d’août 2012 une « opération de grande envergure » visant à enrôler des jeunes âgés de plus de 18 ans au sein de l’armée nationale. En principe, c’est une opération normale pour le gouvernement légitime d’un pays souverain.

2.    CIVIS CONGO[1] est consciente de la nécessité de doter la République Démocratique du Congo d’une armée et d’autres forces de sécurité véritablement patriotiques et professionnelles, eu égard à la désorganisation et au manque de professionnalisme qui caractérisent les forces actuelles.

3.    Les opérations menées par le passé (brassage, mixage, intégration,…) et qui ont consisté à déverser dans l’armée, la police nationale et les services de renseignement de la République, des troupes issues de divers rébellions et groupes armés étaient une grave erreur, si pas dans leur principe, au moins dans leur mise en œuvre, et CIVIS CONGO n’a jamais eu de cesse à les dénoncer. La crise sécuritaire qui secoue actuellement l’Est de notre pays en est une des conséquences évidentes, et malheureusement prévisibles.

4.    CIVIS CONGO considère que les FARDC n’ont pas à être réformées, mais doivent tout simplement disparaître progressivement, au profit d’une nouvelle armée républicaine, disciplinée et professionnelle, exempte de tous les criminels, pillards, affairistes, traitres, et autres infiltrés qui emplissent actuellement les rangs.

5.    CIVIS CONGO dénonce avec véhémence les opérations de recrutement en cours qui, au lieu d’aboutir à la construction d’une nouvelle armée véritablement républicaine, vont certainement donner lieu à un mélange désagréable de genres, et, à terme, accroître le problème plutôt que de le résoudre durablement. En fin de compte, ces pauvres jeunes que l’on appelle sous le drapeau risquent, en dépit de leur courage et de leur bonne foi, être sacrifiés comme nombreux de leurs prédécesseurs.

6.    CIVIS CONGO déplore l’improvisation et le manque de discernement dont fait preuve le gouvernement de la République, y compris sur une question aussi vitale pour la nation que celle de l’armée. L’autre risque de cette façon de faire, c’est que le gouvernement recrute à nouveau des criminels en herbe, des bandits, des personnes sans aucune instruction ni qualité, car eux seuls sont susceptibles de répondre aveuglement à un tel appel. La précipitation du gouvernement ne se justifie nullement, d’autant plus que même si notre pays est agressé, l’Etat d’urgence n’a pas été décrété, et officiellement ces opérations sont menées dans le cadre de la « réforme de l’armée ». Les militaires et policiers actuellement en service

Eu égard à tout ce qui précède, CIVIS CONGO prend la responsabilité de recommander ce qui suit :

1°) Au gouvernement de la République Démocratique du Congo :
-          D’arrêter immédiatement ces opérations d’enrôlement inconsidéré de jeunes congolais dans les rangs de l’armée. Si cela n’est pas fait, CIVIS CONGO invite solennellement la jeunesse congolaise à faire preuve de maturité et de civisme en s'abstenant de répondre favorablement à l’appel du gouvernement ;
-          De préparer sur les plans tant légal, matériel que financier la création d’une nouvelle armée véritablement républicaine, disciplinée et professionnelle. Pour cela, le gouvernement devrait notamment définir et rendre public (dans la mesure du nécessaire), au plus tard avant la fin de cette année 2012, la politique nationale de la défense, sur bases d’une expertise sérieuse, et en concertation avec les élus du Peuple et toutes les forces vives de la Nation. Un service militaire obligatoire devrait être sérieusement envisagé. CIVIS CONGO est disposée à apporter sa modeste contribution dans à cette occasion ;
-          De planifier et de préparer les moyens matériels et financiers nécessaires pour les mises à la retraite et la démobilisation massive des militaires et policiers qui le méritent ;
-          D’assainir sans délai, et de la manière la plus rigoureuse, la gestion du budget affecté à l’armée et à la police nationales, et de sanctionner toutes les autorités, civiles ou militaires, qui ont trempé dans le détournement des deniers et des matériels destinés aux Forces armées ou à la police ;

2°) A la communauté internationale, aux bailleurs de fonds de la RDC et à tous ses partenaires :
-          De dissuader le gouvernement congolais à poursuivre ces opérations avant d’avoir fait une planification minutieuse ;
-          De soutenir moralement  l’idée de la création d’une nouvelle armée nationale congolaise véritablement républicaine, disciplinée et professionnelle, et, le moment venu, de contribuer par tous les moyens (formation, matériel, fonds) à sa mise en œuvre effective.
    
                                                                                                    
Ainsi fait à Kinshasa, le 23 août 2012
Pour CIVIS CONGO
Me Jean-Mobert N'senga
Coordonnateur